Le Conseil Municipal, L’Exécutif Communal de la Mairie de Bana et nous (11 04 2020)
Collectivité territoriale décentralisée et représentativité: *Le Conseil Municipal, L’Exécutif Communal de la Mairie de Bana et nous.*
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MAIRIE DE L’ARRONDISSENT DE BANA
- 25 Conseillers Municipaux
- Superficie 131 km2
- Population 30 701 habitants soit 229 hbts/km2
BANA
- 16 Conseillers + Maire & 2ème Adjoint au Maire
- 19624 Habitants
BAKASSA
- 4 Conseillers
- 2827 Habitants
BADOUMKASSA
- 2 Conseillers
- 4750 Habitants
BATCHA
- 3 Conseillers & 1er Adjoint au Maire
- 3500 Habitants
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Tel est le décor dans la Mairie de notre arrondissement aujourd’hui si l’on s’entient au Conseil Municipal résultant des élections de février 2020 et pour ce qui est disponible au grand public des chiffres contenus dans les pages 31 et 37 du PLAN COMMUNAL DE DEVELOPPEMENT DE BANA datant de 2016 (https://mairie-de-bana-54.webself.net/la-mairie). Il convient d’indiquer à ce stade qu’au delà des questions posées ça et là, ce document représente la référence le plus à jour que j’ai pu trouvé ou eu accès.
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Doit-on comprendre sur la base de ce document que Badoumkassa est plus peuplé que Bakassa, que Batcha est aussi plus peuplé que Bakassa et que Bana a presque le double d’habitants des trois autres réunis?
Il est évident à moins d’avoir manqué de vigilance de ma part que nombre de quartiers Bakassa tels que Toula, Pouchii, Tchap...n’y figurent pas alors qu’il n’est pas aisé de constater de pareils omissions ailleurs. On est tenté de se demander si Bakassa était de la commission de descente sur le terrain et de validation?
4 -
Que l’on ait été partisan ou non-partisan de la tenue du scrutin dernier, participant ou non-participant à ces élections, quelle que soit notre chapelle politique, que l’on soit politique ou apolitique, que l’on est jugé après coup les consultations de février dernier crédibles ou non proches de la vérité des urnes, ces chiffres s’agissant de notre commune d’arrondissement et le document cité constituent matière à réflexion et peuvent faire débat.
Admettons et argumentons néanmoins le long sur la base que même s’il peut avoir matière à débattre que nous considérons PCD Bana-Janvier 2016 comme l’élément de référence en faisant fi des charters électoraux qui ne sont un secret de polichinelle pour personne car le charter, pour l’évoquer sans s’y attarder constitue une variante non négligeable du nombre d’habitants dans nos contrées.
5 -
La représentativité dans le cadre politique et de la gouvernance locale en particulier donne la possibilité de parler ou d'agir au nom des populations pour défendre leurs intérêts et leurs aspirations.
S’il est vrai que la problématique des quotas de représentativité n’est pas un sujet circonscrit à notre arrondissement, que la question a dominé et reste d’actualité dans le triangle national, qu’elle sous-tend même les velléités de dissociation voire indépendantistes dans nos murs ainsi qu’au delà de nos frontières, elle semble présenter dans nos 131 Km2 assez d’incongruités.
6 -
Quelle lecture appelle les quotas de représentativité des 4 villages de l’arrondissement de Bana au sein de leur Mairie? Qu’en est il de l’Exécutif Communal?
Les 25 conseillers municipaux de l’arrondissement constituent les mandataires des 4 mandants, les représentants des 4 villages identifiés sous le jargon officiel comme groupements. 19624 habitants dans le village Bana par rapport à 11077 habitants pour les autres villages justifie t il l’omniprésence et l’omnipotence de l’un sur trois dans une équation de quatre? Ces chiffres peuvent ils expliquer et justifier le quota de seize Conseillers Municipaux pour l’un et neuf pour trois autres? Quelle est la base de calcul de cette répartition? S’agit-il de la densité au mètre carré, de la superficie ou de quel autre critère?
Quelle que soit nos liens avec la terre de nos ancêtres, quelle que soit notre opinion sur notre démocratie car point n’est plus besoin de relever que la gouvernance locale et nationale sont intimement liées, ces questions interpellent à plus d’un titre.
7 -
Une fois élu, le mandat est pour agir dans l’intérêt général de la collectivité mais à moins d’être naïf, on ne saurait en réalité attendre d’un conseiller de Tencheu à Bana par exemple qu’il soit plus tenu à la discipline de son parti, plus loyal à un autre électorat, qu’il parle plus pour les autres au détriment de ceux et celles qui lui ont fait confiance en lui accordant leurs suffrages.
La situation est donc si inique qu’il est illusoire d’espérer qu’une action du conseil municipal en faveur d’un des trois voire même au bénéfice des trois autres réunis puisse prospérer sans le vote, sans la grâce d’une bonne partie des conseillers de Bana.
8 -
Que l’Exécutif Communal tel que nous le constatons soit la couleur des arrangements entre apparatchiks, le fruit de la décision du parti majoritaire ou des élections internes, il y a lieu de souligner que la représentativité est à mon humble avis foulée aux pieds, que les considérations ancestrales ne s y décèlent pas, que l’équilibre et l’équité ne s y trouvent pas. À l’heure où on parle de plus de décentralisation, de transfert réel des pouvoirs aux collectivités et même de fédéralisme, peut on penser que cet ossature fruit d’une répartition des sièges au conseil municipal que l’on se doit de questionner n’a pas d’effet sur la définition de la politique du Conseil Municipal, l’orientation de son action et surtout l’activité quotidienne?
9 -
S’il est normal d’attendre et de voir une réaction de la municipalité en ce temps de pandémie, cette réaction se doit d’être adéquate. S’il n’est pas dans ces quelques lignes question de passer en revue les actions du présent conseil qui n’est qu’à deux mois d’exercice ou de faire un procès aux hommes qui se sont à peine installés au volant, il est important de relever que mon regard s’est attardé à nouveau et avec acuité sur notre conseil municipal et son exécutif quand plus d’un d’entre nous se sont posés la question dans un de nos forum à savoir comment et pourquoi les populations de Bakassa sont conviés (dans une vidéo virale datant du 26/3/2020) par un émissaire du Maire en temps de Covid-19, à l’heure du confinement et de la distanciation sociale à la place du marché à Bana pour recevoir les masques et produits pour se désinfecter les mains? Le questionnement sur cette campagne de sensibilisation et de prévention, sur cette bonne initiative mal mise en exergue ne pouvait que pousser tout esprit curieux à regarder vers là où provient la décision, à fouiner dans sa composition et la scruter de plus près.
10 -
Les enfants d’un même père doivent cheminer ensemble, entrevoir le même horizon mais quand on s’accorde plus que ce qui relève du bon sens, cela peut s’apparenter à un One man show et nous émietter, quand on s’octroie plus du double des trois autres cela peut être assimilé à l’hégémonie qui ne peut que favoriser un dysfonctionnement, nourrir un sentiment de non appartenance et une volonté d’affranchissement au lieu de renforcer d’avantage des liens familiaux centenaires. Le plus doté des frères doit réfréner à mon sens de se prévaloir de plus de prétentions ou d’habilités au rôle de magistrat municipal. Abriter le siège de la mairie et autres institutions du pouvoir régalien depuis l’instauration et l’installation de l’administration publique comporte déjà en soi une position de choix.
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Le débat sur la répartition des 25 du conseil municipal dans notre arrondissement s’impose inéluctablement. Relever et souligner que le nombre de mandataires de Bana peut et devrait être revu afin de rehausser celui des trois autres ne peut être prise comme une provocation, être balayé facilement d’un revers de la main. On peut et on se doit d’en débattre sans se battre. On peut être une locomotive sans créer un sentiment d’insignifiance ou de faire valoir aux autres qui sont de valables co-pilotes, des équipiers qui installés à la faveur d’un système de rotation et de permutation au siège de captain ne manqueront pas aussi de faire bouger les lignes. Ce n’est pas l’omnipotence de la majorité, la dictature du nombre qui donne à une démocratie ses lettres de noblesse mais plutôt le respect des minorités, le pourcentage de places qui est accordé à ces derniers dans les instances.
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Dans la famille on doit avoir le sens du partage, se faire violence s’il le faut en laissant aussi plus de places aux frères et sœurs même là où on peut tout acheter, même là où on peut tout s’attribuer, arracher ou gagner haut la main dans une compétition saine. Il est mieux quand une incongruité à été soulignée, de corriger, de rectifier quand ça murmure et mousse. Partant du fait que chaque génération a ses défis, ses aspirations profondes, il va arriver que l’équité, la justice ait plus de poids aux yeux des futurs coéquipiers ou actionnaires de demain que nos liens ancestraux, que notre historicité commune. Ce qui relève ici, transposée même à l’échelle nationale vaut tout son pesant d’or. C’est la considération, l’inclusion qui cimentera à jamais notre consanguinité, consolidera le sentiment d’appartenance et aiguisera l’engouement de se battre ensemble et davantage pour un destin commun.
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Résoudre la question de la représentativité dans les instances a toujours été un sujet houleux et épineux qui de part le monde ne manque de créer des mécontents mais il n’en demeure pas moins vrai que cela s’avère nécessaire car la clé de la cohésion et d’une vision commune ne peut que passer par la relecture de ce quota qui octroie une part surdimensionnée de lion à l’un des frères pour qui j’ai toujours eu un faible. Dans l’optique de l’avènement d’un aire nouveau aux prochaines consultations électorales, les actuels mandataires des Ndissi et Ngoussi doivent avoir la pleine conscience de leurs missions, se montrer plus vocaux là où le nombre risque d’étouffer leurs voix et surtout faire foule pour porter comme un seul homme notre écho.
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Ce que traverse la planète depuis les premiers morts à Wuhan en Chine jusqu’à la détection des cas au pays des lions indomptables interpelle au plus haut degré surtout que tout est lié et qu’on ne saurait évoluer en vase close mais le regard ne doit à aucun moment donné aussi se départir de ce qui relève de chez soi.
L’urgence de l’heure c’est donc d’endiguer le Covi-19 qui doit rester le plus grand centre d’intérêt en ce sens qu’il y a péril sur de nombreuses vies humaines mais nous ne saurons établir une cloison étanche entre l’approche contre ce virus dévastateur et le fonctionnement, le quotidien de notre collectivité.
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Le présent est certes à craindre mais l’avenir, du levé au coucher du soleil ne saurait être absent en nous. On se souviendra plus du silence que notre génération qui me compte et te dénombre aussi aura observé, de la disparité que nous nous accommodons aujourd’hui et qui sera la revendication du suivant, le combat de l’autre que de la virgule oubliée, d’une fausse note dans ce plaidoyer, des amis qu’on risquerait au passage de courroucer, déplaire et même perdre en dénonçant cette incongruité.
Asseyons nous en famille, regardons nous dans les yeux et parlons de cette situation qui à mon humble avis défi l’entendement. Faisons la politique autrement sur notre terre aux 131 km2.
11 Avril 2020
Par Ndissi Moubé
Jean Pascal Ngasseu
E-mail: jpngas@gmail.com
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Bibliographie