JPNGAS

Qui sommes-nous? ce que la vie enseigne sur les liens générationels et nous.


TRADITIONS ET GÉNÉALOGIE


Qui sommes-nous? ce que la vie enseigne sur les liens générationels et nous.


1 - Une des quêtes permanentes de l’homme est de se découvrir. S’il va de soit qu’on connaisse moins l’autre, le gap se doit d’être plus qu’infirme quand il s’agit de nous même. «Connais-toi toi-même» ne préconisait-il pas Socrate?


2 - Cerner l’homme, le définir reste une équation jamais résolue. Si l’éducation, la culture, l’environnement, l’audace et notre propre génie sans exclure une certaine grâce constituent la part de lion dans ce qui peut contribuer non seulement à être mais à définir qui nous sommes, le cordon ombilical, notre ancestralité n’y est pas des moindre même si la descendance n’est très souvent entrain qu’à assumer sa partie dorée.


3 - Le poids de l’héritage intergénérationel, du lien de sang est inféodé dans notre personne. Si l’Afrique en dépit d’une certaine résistance a vu ses enfants lui être arrachés à travers la traite négrière, nombreux sont ses descendants qui s’évertuent de plus en plus de se retrouver non seulement à travers le DNA mais de retourner même à la mère continent. S’il est vrai que cette mamelle nourricière a ensuite subit de plein fouet la colonisation, la tutelle et est encore aujourd’hui en proie à une néo-conlonisation multiforme nous serons sans excuses aux yeux des générations futures de la terre de Kinta kunté s’il faille demain pour eux user d’un test DNA comme les Afro-américains même là où il n’y a pas de doute ou contestation pour connaître qui on est, se référer, s’orienter ou appréhender le possible corollaire entre les liens de parenté, nos racines et la personne qu’on est, croit être ou prétend être.


4 - «...en Afrique, les morts ne sont pas morts. En outre, les familles de la terre communiquent avec celles de l’au delà, d’où la vénération des ancêtres. Et cette foi des Africains ne contredit pas la foi chrétienne qui intègre la communion des saints, la résurrection de la chair et la vie éternelle.» disait Mgr Marcellin KOUADIO Evêque de Yamoussoukro dans son homélie lors du 20ème anniversaire de la mort du Président Houphouet Boigny. Se mettre en relation avec nos défunts dont nous sommes les dérivés, les prolongements pour une intercession auprès de l'Être suprême ne peut aisément être éludé. L’un des derniers actes publics du défunt cardinal Christian Tumi dans son village natal malgré les habillages qu’on peut lui donner n’en dit il pas long?

Les africains, les camerounais ont ils dans l’immense majorité appris du combat de Mgr Ndogmo, du père Engelbert Mveng et autres au sein de l’église? Après le concile 4 de Yaoundé, l’africanisation du christianisme s’est elle vraiment consolidée? L’appropriation post 1985, l’inculturation du christianisme se heurte t il aujourd’hui davantage au colon d’hier ou à nous mêmes comme entraves? N’est-ce pas dans les rangs des chrétiens africains que se recrute de plus en plus un nombre impressionnant de personnes intolérantes qui persistent à voir, à mettre avec détermination plus que les animistes un mur entre nos us, coutumes auxquelles ils tournent magistralement le dos avec la chrétienté? D’aucuns ne veulent ils pas nous ramener à l’aire où le Ngondo avait été interdit chez le sawa, à l’époque où il fallait dénoncer dans les grasdfields le voisin qui communie le dimanche de même qu’il fait le culte des ancêtres à la case des crânes ou dans le lieu sacré de son domaine familial? On a l’impression qu’il faille dans un futur proche bagarrer avec les nôtres pour porter fièrement ou s’agripper même sur nos noms africains qui forment un mariage aux côtés des prénoms que nous avons presque tous reçus ou perpétués. Loin de vouloir juger, le barricade derrière Jésus ou la religion, sous le visage angélique pour rebuter et pourfendre la tradition n’a t il pas dans bien de cas révélé au delà de la méconnaissance autre chose qu’on dissimule en se servant de la foi chrétienne comme paravent? L’inverse également dans nombre de cas gravitent aussi il faut le dire ça et là.


5 - Il est idéal de se connaître jusqu’à sa 8ème génération du côté de son père comme de sa mère. Cela peut relever et nous renseigner énormément sur nous mêmes et notre vis à vis. Au delà de l’héritage, cela peut aider par exemple à comprendre certains de nos problèmes de santé, à mieux les faire face et aussi à appréhender dépendament de nos croyances certains problèmes coutumiers, les questions métaphysiques qu’on peut se poser ou rencontrer à un moment donné de la vie. Nous pouvons nous étendre en soulignant le déterminant qu’est le cordon ombilical entre une mère et ses ouilles, les jumeaux, les voyants et guérisseurs aux dons et pouvoirs exceptionnels qu’on peut observer généralement la régénérescence, la survivance de génération en génération dans certaines familles. Il va sans dire que les bénédictions et malédictions peuvent découler des paroles, mots, actes des parents d’ailleurs que d’aucuns d’entre nous sont des réincarnations de certains de nos aïeux. Le nom familial dont nous prêtons de moins en moins attention à la signification n’est pas non plus un hasard et peut nous mettre en connexion avec l’ancêtre en question. Les pays comme le Royaume-Uni ont compris le poids que revêt le nom et c’est pourquoi on peut y opérer un changement sur ce par simple acte notarié.


6 - La vie reste toute une école et la question du lien générational peut être plus ou moins acute selon l’aire culturelle et géographique voire nos croyances. L’on peut facilement rester sur ses grands chevaux quand on n’a pas vécu certaines expériences et décréter qu’il ne saurait avoir de lien de causalité ici ou là avec l’ascendance mais aborder certaines de ces questions de par l’angle de la logique cartésienne serait se vouvoyer gravement. D’aucuns se permettent de douter de la causalité tout en étant incapable d’apporter les éléments probants de non causalité. Nous doublons plus d’énergie à vouloir démontrer la non causalité et très moins à appréhender, comprendre le parallèle. Les tenants de la rigueur scientifique sur ce admettent pourtant aisément sans être à mesure de palper que l’homme n’est pas que physique mais spirituel, possède une âme. On prend le postulat scientifique pour battre en brèche ce qui n’est pas scientifique. Les générations précédentes auprès de qui nous avons fait la classe et qui nous permets aujourd’hui de parler de ces sujets sans prétention d’autorité aucune étaient ils vraiment des nains en matière d’observation, d’hypothèse et d’expérimentation? La science a t elle été importée en Afrique? Ne nous employons nous pas de plus en plus par mimétisme d’approche, de postulat sur toute chose à comprendre, expliquer ou battre en brèche le non scientifique par une démarche scientifique?

La place du jujube, de l’arbre de la paix, des sacrifices d’après nos coutumes n’a pas commencé avec nous. Ce que nous faisons à notre temps ne peut que amener à apprécier à juste valeur ce qu’on fait les aînés et parents avant nous pour notre quiétude et notre bien. L’aspect pécunier avec la cherté de la vie en notre temps et qui dans bien de cas exigent de moyens considérables et des mauvaises fortunes auprès de certains vendeurs de vent sont ce qui amène d’aucuns à être réfractaires aux us et coutumes pour autant cela justifie t il l’attitude du voir avant d’accepter?

La tradition est plus clémente avec celui qui ne connaît pas qu’avec celui qui vit dans le déni permanent. Le timings est crucial et peut exposer dépendament de la coutume en question si l’on n’y prends garde. Là où il y a enchevêtrement, au fur et à mesure qu’on déblaie et résous, ça se d’épaissit, ça s’éclaircit et même ce qui était caché remonte en surface. Bander les yeux et boucher les oreilles peut entraîner des situations, de l’avalanche qu’on peut attribuer à souhaits de part l’entêtement, l’entendement, l’interprétation à une coïncidence. On peut refuser de croire, prétendre ne pas voir mais faire la part des choses est mieux car si un problème de nourriture, de poule à un ancêtre par exemple ne t’affecte pas personnellement ou pas au même degré, il n’en demeure pas moins vrai que cela peut être le cas demain ou est la source du cauchemar d’un autre autour de toi. Il convient de souligner que le successeur d’une famille quoique détenteur d’autorité n’est nécessairement toujours pas l’héritier spirituel et que l’héritage spirituel ancestral, familial n’est pas donné, distribué équitablement même aux enfants d’une même mère ou d’un même père. N’est ce pas le cas pour les aptitudes, les dons et les grâces de la vie? Il va donc de soi qu’un problème coutumier relevant de ta 4ème, voir 5ème génération peut t’impacter alors que ton frère du même sang n’est jamais gêné même par un souci de votre 1ère ou 2ème génération. Choisir, refuser de ne pas y croire constitue t-il une immunisation? Détourner le regard parce qu’on risque ne jamais en finir une fois commencé est il un gage, une vraie parre-balle? Quand la réalité ne nous rattrape pas durant notre séjour sur terre, ne mettons nous pas en sursis notre prospérité quand les aînés, les parents de leur vivant éludent, feintent et balaient de revers des questions traditionnelles qui resurgiront demain avec probablement plus d’enchevêtrements, de noeuds aux côtés de possibles autres? Atténuer, briser les liens est il possible en tout temps, en tout lieu et dans tout cas possible? Une opinion déconseille d’y recourir, de le faire en deçà de la 4ème generation. Toujours est il que quel que soit notre posture, qu’il s’agisse d’illusions ou de réalités, on n’est pas là pour voir et savoir ce qui se passe après nous. S’activer à se prémunir, invoquer le détachement, le renoncement avec un parent, un aïeul qui a versé du sang, qui a semé la désolation avec la sorcellerie, le vampirisme par exemple peut facilement se concevoir mais c’est pas toujours le cas très souvent chez pleins d’incrédules. Il va sans dire que nous devons honorer les ancêtres et rendre grâce à Dieu, donner à nos ancêtres ce qui est à eux et à Dieu, l’omniscient, l’omniprésent, l’omnipotent ce qui est à lui.


7 - Des cellules familiales se fondent, se constituent au fil du temps de par les mariages de plus en plus inter-ethniques et interraciales. Les naissances, les décès côtoient notre quotidien et nous nous éparpillons davantage à travers le monde pour des raisons diverses. Les réunions familiales jadis socle d’apprentissage par excellence se tiennent de moins en moins fréquemment et non seulement c’est un exercice ennuyeux pour nos enfants et les jeunes aujourd’hui de s’asseoir et échanger avec leurs parents mais garder les liens avec les leurs même de par la multitude des réseaux sociaux qui rivalisent surtout là où il n’y a pas intérêt et qui pourtant consomment beaucoup de notre temps n’est pas non plus un acquis. On se serait attendu à une ruée sur zoom et autres applications de vidéo conférence comme panacée à la distance, comme alternative de rapprochement pour les familles jalouses de préserver ce qu’on légués les aïeux mais la dégénérescence des liens fraternels et sociaux, le comportement de suffisance est à déplorer. Ne pas faire des réalités de ceux et celles qui recueillent les cendres, honorent pourtant les leurs à leur façon dans les vases, dans les pots de fleurs bien gardés et entretenus, qui peuvent aller nettoyer autour, parler sur la tombe d’un parent même trois fois en une journée les nôtres est de mise. Ça ne devrait pas être une incongruité, du mysticisme aux yeux de nos enfants de voir le parent à table lancer une bouffée de son repas, de verser un peu de son vin dans un angle ou un coin de sa concession tout en murmurant ou parlant en intelligible voix aux ancêtres.


Déblayons et réglons les problèmes coutumiers connus de notre vivant car cela est également autant important que l’héritage matériel que nous nous battons pour laisser aux nôtres afin qu’ils restent vivre une vie plus confortable. Il en va autant de la place des ancêtres qui est autant importante que le patrimoine matériel que nous laissons.


8 - Les tatouages aidaient à une certaine époque à s’identifier, se distinguer. Le GPS a pris aujourd’hui la place de la boussole qui orientait hier. On peut ne pas savoir jusqu’où atteindra la continuité de notre cordon ombilical parceque nous sommes des mortels et quand bien même la remontée de notre lignée peut ne pas atteindre les sommets escomptés dans la tradition plus orale africaine dont nous avons hérité mais devons nous pour autant être si ignorants sur nous-mêmes? Ne pas avoir une idée qui est au dessus de la moyenne sur nos racines avec des patriarches debout autour de nous à l’aire du numérique ne nous interpelle t il pas? Sera-il aisé à nos progénitures demain si nous déjà ne répondons qu’approximativement à d’où nous venons et qui sommes-nous? Si pour ne pas s’encombrer, se distancer nous qualifions nos parentés de famille corde de patates?

La tradition du journal, des calepins, de la numérisation systématique de l’état civil, des arbres généalogiques dans la tradition occidentale comble les vides, répond même à posteriori à beaucoup de questions que notre tradition orale n’y parvient qu’à demi teinte.


9 - Tâchons de ne pas être méconnaissants sur nous mêmes et faisons notre part pour éviter que nos progénitures ne le soient davantage demain même si de nos jours au sein même des familles, l’intérêt prime de plus en plus sur le lien de sang. La jeune génération on ne peut malheureusement ne pas le déplorer ne s’intéresse, ne joue ou n’est que l’allié de la meilleure équipe de l’heure au détriment de ses racines et autres valeurs, elle ne se lie qu’à l’équipe qui marque, gagne et donne. Soyons des avant-gardistes, contribuons aujourd’hui, en ce 21ème siècle à ce qui aidera les générations après nous. Évitons au moins à ceux et celles qui aiment lire à entamer par exemple une aventure, voire consommer une idylle avec sa parenté avant de se raviser à la porte de la mairie ou à des occasions de funérailles.

Les expériences déblaie toujours le chemin aux autres. Celles autour de nous, les plumes qu’on y a laissées ou qu’on peut encore y laisser amène des fois à mieux comprendre pourquoi nos parents étaient très inquisiteurs là où deux familles devaient se lier par des liens de mariage. S’il reste vrai qu’on ne doit pas toujours juger l’autre selon ses aïeux et que l’un ne doit pas toujours penser que son ascendance, sa souche ou soit même est au dessus de tout reproche surtout que l’on ne choisit pas dans quelle famille, tribu ou pays naître, il n y a pas de doute qu’une inquisition peut beaucoup apprendre, l’importance comprise au fil des ans et moins ou pas du tout à dépens ou conséquemment en toute conscience. Les quelques cas où ils se sont trompés peuvent certes être relevés mais on peut comprendre à profusion pourquoi le parent aimait dire à son enfant qui lorgne ou qui est tourné autour d’attendre qu’il revienne à toi avant de se prononcer sur une relation.


10 - S’il est vrai que l’homme peut se métamorphoser, changer de vue au cours d’une relation ou de sa vie, il est plus mieux de traiter en amont, au stade des préliminaires, au mieux en prélude aux fiançailles la question de l’entendement sur les coutumes au même titre que celui du régime matrimonial ou du contrat de mariage. Il est mieux de la traiter avec la même sensibilité que celui de la compatibilité sanguine, avec la même passion que la position sur les questions religieuses et de la foi avant de s’engager, avant de sceller une union, consacrer l’institution qu’est le mariage.


11 - La jeune génération a et aura besoin au plus haut point des ponts sur nos passés, de nos arbres généalogiques et ce qu’elles recèlent comme secrets pour se situer, se retrouver et naviguer dans ce village planétaire. Retraçons, constituons et conservons des archives car la préoccupation s’agissant de notre patrimoine familial ne saurait être seulement plus concentré ou se limiter aux biens matériels et physiques. Ce pan immatériel de nous n’a nullement besoin d’être paint ou écrit par le vainqueur comme dans les histoires de conquête et de domination.

Être méconnaissant de soi même c’est aussi être moins lotis, moins outillé pour le rendez-vous du donner et du recevoir, c’est risquer d’emmagasiner ce qui peut nous éloigner ou nous perdre au lieu de nous améliorer. La connaissance qu’a dans une grande proportion le citoyen aujourd’hui de soi, de nos peuples, de notre pays n’est toujours pas très souvent plus qualitative et quantitative que celle de l’explorateur, conquérant et colonisateur d’hier. Ne serait il pas de bonne aloi que les brides de cours d’anthropologie se fassent concomitamment à la philosophie dans nos classes secondaires?

Le colon hier nous interdisais jusqu’à l’usage de nos plantes aux fins médicinales. Il n’est plus là mais nous refusons de nous assumer. Nous sommes les mêmes à nous renier le jour et puis assumer en se cachant, en nous protégeant des regards avec le pénombre ou la nuit. Nous perdons les repères pendant que d’autres se consolident, renonçons à nous mêmes dans ce monde qui phagocyte au point où briser le tabou, avoir le courage de tes idées sur ce type de sujet peut t’exposer à tout genre d’affabulations et noms d’oiseaux. N’est-il pas mieux d’être incompris que d’être contemplateur?


12 - Il n’est point question ici de cultiver le dogme, de dire qu’on doit tout avaler et être prisonnier de nos us et coutumes mais d’inviter à apprendre, à comprendre thèse et antithèse et savoir se départir étant suffisamment outillé en connaissance, armé spirituellement car le parent ne sera pas toujours là demain pour jouer les baby-sitters et les sapeurs-pompiers. Bien sûr qu’il faut dépoussiérer, moderniser là où il le faut mais l’essence doit il y passer?

Loin de vider le sujet sur les liens générationels en ce jour qui a marqué le départ pour l’au-delà d’un être irremplaçable, il s’agit plus d’inviter au débat. Toute autre addition, soustraction, intonation ou son de cloche ne ferait que nous enrichir et arrondir la compréhension sur la question qui il faut la souligner devient une vraie problématique quand dans un couple, une famille ou une concession, la santé, l’avenir, la vie des gens peut ou pas en dépendre et que les angles de perception diffèrent ou s’opposent très souvent avec un maillon important voire même le successeur sinon on pouvait aisément s’en tenir à «si tu diffères de moi loin de me léser, tu m’enrichis» de Antoine de St Exupery.


Le chantier de l’édification commune sur ce nous interpelle tous. Faisons notre part!


30 Avril 2021


Par Ndissi Moubé


Jean Pascal Ngasseu

E-mail: jpngas@gmail.com

(c) Tous droits réservés


NB:

Le numéro qui précède tout paragraphe est tout simplement désigné à situer le lecteur.


Références:

https://cotedivoireinfo.wordpress.com/2013/12/09/lhomelie-de-leveque-ivoirien-qui-a-irrite-deux-chefs-detat/